arrivée d'un chercheur

-> Vers le laboratoire.

Maaya pénétra dans la grande salle en ouvrant amplement les deux portes de chêne. D’un coup de main, elle balaya une table de ses fioles, en prenant soin de ne pas les casser. S’asseyant sur son perchoir de fortune, la Lune observa la pièce en silence, sans qu’aucune expression particulière ne vienne déformer ses traits.

« Karl… »

Elle appelait doucement le chercheur, sans forcer sur ses cordes vocales, d’une voix douce qui se mêlait bien à ses yeux à moitié fermé. Mais sa voix se fit soudainement plus cru et, rouvrant les yeux, elle s’exclama :

« Dragon, presse donc le pas, je n’ai guère de temps à te consacrer ! »

*

Il s'ecoula presque une dizaine de secondes , avant que le bavarois ne fasse à son tour irruption dans le laboratoire. En penetrant dans la salle, il jeta un sourire froid à la Lune Noire et posa négligement ses paquetages pres des grandes portes en chêne.
Mais en son fort intérieur, il observait avec une certaine irritation le ton autoritaire qu'elle avait pris pour lui faire presser le pas.

"Dragon..."

Par la force des choses , Tötchenheim avait du rejoindre le Clan , il y a de cela plus de 150 années . C'était alors encore Magnus qui dirigeait le Clan, à cette époque, et Sigfrid n'était alors que le futur succeseur désigné. A cette occasion, Magnus l'avait acceuilli en invité de marque, et avait toujours fait montre du plus grand respect à son égard. Mais meme alors, le vieux chasseur avait gardé ses distances, n'acceptant jamais pleinement l'autorité de son nouveau Clan .
Apres tout , à une autre époque , les princes catholiques eux aussi avaient voulu lui arracher son allégeance par la force.
Ils avaient payé le prix du sang ...

Mais pour l'heure , le scientifique se contenta d'apprecier ses nouveaux locaux . Certes , ils etaient moins spacieux que ceux de son vieux fort, mais semblaient tout aussi bien équipés.
Se retournant vers Maaya, il affecta un ton affable :

"Merci, Fraulein , ces installations me conviennent parfaitement."

Puis , ne pouvant résister à l'envie de lui retourner son trait d'humeur, le scientifique lui tourna le dos de maniere ostentoire, tout en rajoutant.

"Vous pouvez disposer, maintenant."

*

Maaya explosa de rire, joyeusement, remarquant le comportement du bavarois.

« Je vous ai vexé, sûrement. Navré, je voulais être certaine des dires de mon mari. »

Navrée, disait-elle, mais elle ne le paraissait pas. Elle avait en adoration ce désir d’observer le caractère et comportement de ses sujets, ou même d’autres personnes, en les testant, bousculant, voire parfois en les insultant de telle ou telle manière. Sigfrid n’y avait pas échappé, Magnus non plus, pas même que tous les précédents chef de clan. Cela lui avait valu de nombreuses crises, de nombreux ennemis, mais aussi de nombreuses tortures qu’elle avait si apprécié grâce à son côté masochiste.

Toujours souriante, la Lune Noire se leva mais ne s’en alla pas. Elle s’approcha lentement du chercheur et le contourna pour être en face de lui.

« Je retiens donc qu’il n’est pas si menteur au sujet de ses connaissances. Je tâcherai de m’en souvenir. Quant à vous, je retiens de ne plus vous « titiller »… »

Tout en parlant, Maaya laissa glisser sa main sur la joue de Karl, le griffant sans force grâce à ses ongles. Puis elle l’embrassa comme elle embrassait tout homme ou femme qui retenait son attention, et elle tourna les talons, s’armant au passage de deux cimeterres de la Salle des Tourments.

*

Le Bavarois se gratta la joue, là ou la Lune Noire avait laissé une legere trace de griffure, ce qui n'avait pas été pour déplaire au vieux chasseur, habitué à férocité féline de certaine de ses anciennes compagnes.
. Il fut par contre surpris par l'effusion qui s'ensuivit, chose à laquelle, durant ses nombreuses traques , les prudes bergeres des Alpes se livraient rarement d'elles meme.

Il regarda Maaya repartir du laboratoire, sa cape noire couvant sa fine silhouette, dans un effet que le scientifique trouvait un peu trop travaillé.

*etrange créature* songea t'il . Il ne savait pas encore si elle avait vraiment les capacités pour diriger le Clan, mais du moins disposait elle d'une personnalité unique. Karl comprennait un peu mieux la fascination de Sigfrid pour sa jeune protégée.

Tötchenheim reporta son attention sur le laboratoire , et se resolut a faire un rapide inventaire du materiel à sa disposition.

*

para mi :

Appartements de Sigfrid ^^

Le chercheur posait un regard inquisitorial sur chaque objet et dressa rapidement un inventaire de sa nouvelle taniere.

"Ether pur, embryons canidés, Mandragore raffinée, arsenic, baume conservateur, eprouvette d'ebulition ....

Le vampire s'arreta un instant, contemplatif devant la magnifique distillerie installée dans un renfoncement de la salle . Cette machine lui permettrait tant de tirer des depots de sang épurés que des mélanges ethyliques aux effets passionants, tant sur le corps humain que sur la constitution immortelle de ses semblables.

Apres un rapide coups d'oeil sur les echantillons et les installations, il apparut au scientifque que le materiel de transfusion sanguine, essentiel à ses recherches, etait vetuste et n'avait pas vraiment été remis a jour depuis sa derniere visite. De meme, certaines eprouvettes, contenant des embryons de divers mamiferes, etaient de meme compromises.

Le vampire remit sur ses épaules sa lourde veste de montagne.
Il allait devoir faire un tour dans la ville, afin de combler ces manques. Cette visite le répugnait deja, lui qui haissait ces concentrations puantes et bruyantes, que sont les villes humaines.
Mais peut etre pourrait il y decouvrir une proie digne de sa chasse. Il songea à Olga, qui quelque part l'attendait dans les brumes des bois alentours.